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"Un marché de masse"
Avis d'expert :
Thierry Ehrmann, Président d'Artprice.com
Leader mondial des
banques de données sur la cotation et les indices du marché
de l'art avec plus de 2,5 millions de résultats de ventes couvrant
183.000 artistes du IVe siècle à nos jours en provenance
de 2.900 maisons de ventes de par le monde, Artprice.com est certainement
le meilleur point d'observation de l'évolution du secteur, car
nous ne réalisons aucune transaction.
Ainsi, l'on constate
que, contrairement aux années spéculatives d'il y a dix
ans, le marché actuel est stable et relativement sain. L'explication
tient à ce qu'en 1990, 2,25 % des artistes drainaient 80 % de la
masse financière. Aujourd'hui, il y a dilution des signatures et
surtout, chaque année, on constate un afflux supplémentaire
d'acheteurs. Il y avait moins de 500.000 enchérisseurs dans les
années 60, il faut désormais tabler avec plus de 10 millions
de consommateurs d'art, un chiffre qui va en se développant, car
aujourd'hui les acquéreurs sont plus internationaux, plus informés,
plus jeunes. Il s'agit d'un mass market, dont l'évolution peut
se comparer au secteur du luxe, avec un comportement similaire, une expansion
mondiale et un « ticket d'entrée » proche, 12.000 francs
(1.829,5 euros). Une caractéristique qui n'a sans doute pas échappé
à Bernard Arnault et François Pinault, très impliqués
dans les marchés du luxe et de l'art. La photo est l'activité
qui progresse le plus, ainsi que les peintures ancienne et contemporaine,
tout comme la sculpture, alors que l'art moderne et surtout l'estampe
sont en recul. Grâce à ces nouveaux acheteurs, le marché
se dynamise et se renouvelle, car la demande porte aussi sur les jeunes
créateurs, jusque-là délaissés. On constate
également l'émergence de nouveaux marchés, comme
l'Est européen ou l'Asie du Sud-Est. Depuis quelques semaines,
le marché de l'art subit le contrecoup des incertitudes de la Bourse.
Il est attaqué aux extrêmes, le nombre des invendus supérieurs
à 100.000 dollars augmente, et sous la barre des 10.000 dollars,
les objets courants se vendent moins facilement.
Jérôme
Stern
copyright ©2001 La Tribune : édition papier
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