L'industrie du troisième millénaire |
in Technikart, novembre 2001.
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Si l'on ajoute ce besoin d'utopie, son goût pour le baroque, son sens du sacré, son épicurisme assumé (il parle sans fards de sa pratique des partouzes), on se dit qu'on a affaire à un esprit qui n'est pas tout à fait de notre temps. Loin des capitalistes habituels, Ehrmann nous fait penser à un type de la Renaissance, un de ces banquiers et mécènes florentins, Médicis ou autres, libertins et religieux, progressistes et excentriques, établis en sa bonne ville de Lyon. S'il ne saurait être un modèle, il ouvre d'autres pistes : celle d'un monde catholique, tolérant et épicurien et avant le sens du sacré, contre l'austérité des capitalistes anglo-saxons, protestants hypocrites et médiatiques. Ca fait du bien : nous en avons assez de la domination protestante qui régit le monde, de tous ces puritains ivres de travail, qui ne rêvent que de mettre les autres au boulot. Nous sommes fatigués du modèle américain que nos journalistes et nos élites nous mettent depuis vingt ans sous les yeux, bavant d'admiration devant ce Grand Frère qui les ignore. Leur absence de fierté les rend un peu dérisoires (il fallait voir, ces jours-ci, les journalistes-commissaires de LCI, véritables valeurs de l'Empire, reprocher implicitement au gouvernement Jospin de ne pas "être aussi dur-que-Tony-Blair" ; il faut voir leur expression d'admiration quand ils parlent de "Tony-Blair", ce clown haranguant et va-ten-guerre). Nous pensons confusément qu'il y avait peut-être de bonnes choses, dans le Catholicisme, dans le Sud, et dans la sieste Il serait temps de jouer le Sud contre le Nord, le catholicisme rêveur contre le protestantisme puritain, les églises surchargées contre les tours en verre. Défendre une vision sacrée du monde - englobant sexe, argent et piété -, contre la séparation anglo-saxonne entre business et foi : se faire sucer sous le bureau et entamer le "I love America". Entre un Occident réduit à sa dimension américaine, et un Orient réduit à sa dimension islamiste, il doit bien y avoir d'autres pistes, non ? Comme un angelot avec une petite trompette. Ehrmann nous fait surgir tout ça. Qu'il en soit remercié. Texte original de
Patrick Williams |
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