Personnel argent
Le marché de l'art
Quelles sont les vedettes du secteur cette année ? Verdict de notre
partenaire Artprice.com. A découvrir aussi, la cote des artistes contemporains
et actuels.
Les Français n'aiment pas investir dans l'art. Même François-Henri
Pinault, le patron le plus actif dans ce domaine, semble avoir du vague à
l'art cette année : à peine née, sa fondation s'est exilée
à Venise, en Italie. Il faut être fabricant de tubes de peinture,
comme Eric Chaveau (PDG de Pébéo), pour y croire encore et acheter,
chaque année, plus d'une dizaine de milliers d'euros de tableaux et de
sculptures.
Pourtant, l'art n'est pas qu'un moyen d'égayer ses murs ou de réduire
ses impôts : c'est aussi, aujourd'hui, une belle opportunité de placement,
face à la Bourse ou à la pierre. En quatre ans, la pierre a progressé,
selon l'Insee, de 60% en France, à peine moins que dans les pays anglo-saxons.
La Bourse française a été, elle aussi, assez synchrone. En
fait, il n'y a que le marché de l'art qui soit attirant, car il est en
retard sur ses voisins : les prix français n'ont quasiment pas bougé
entre janvier 2001 et juillet 2005, alors qu'ils ont augmenté de 92% et
47% en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis ! C'est donc le moment d'investir, en
pa-riant sur un décollage imminent.
Le décollage a sans doute déjà commencé. Selon Artprice
(leader mondial des bases de données sur l'art et partenaire de notre palmarès
de l'Art 2004-2005), les prix ont augmenté, depuis janvier, de 17,5%. En
témoignent les sommets atteints par quelques pièces spectaculaires
comme la toile de Sisley Moret-sur-Loing (1,25 million d'euros) et La
Danse des morts, de Bruegel (1,5 million d'euros) vendues en début
d'année. La raison en est simple : alors que New York et Londres soignent
leurs légendes vivantes, comme Jeff Koons ou Damien Hirst, Paris reste
un marché-musée, fasciné par ses gloires passées et
un peu oublieux de ses artistes vivants. La Foire internationale d'art contemporain
(Fiac), qui débute le 6 octobre, devrait permettre de mieux mélanger
les genres. Avec, d'un côté, du Jeff Koons, bien sûr, du Sugimoto
(Galerie Templon) et une série de sculptures de Baselitz (Taddeus Ropars)
et, de l'autre, beaucoup d'artistes français actuels, comme Jean-Charles
Biais (Galerie Netart), Gilles Aillaud (Galerie de France), François Morellet
(Galerie Catherine-Issert), Pierre Buraglio (Catherine Putman).
Dossier réalisé par Eric Tréguier (avec Artprice)
Les artistes les mieux cotés de l'année
|
1 |
Pablo Picasso
111,3 millions d'euros (Chiffre d'affaires 2004-2005)
dont Les Femmes d'Alger
(12,9 millions, mai 2005, Sotheby's New Yoxrk) |
2 |
Andy WARHOL
66,7 millions d'euros
dont Mustard Race Riot
(10,5 millions, novembre 2004, Sotheby's New York) |
3 |
Claude MONET
45,6 millions d'euros
dont Londres, Parlement...
(14,1 millions, novembre 2004, Christie's New York) |
4 |
Paul Gauguin
34,3 millions d'euros
dont Maternité II
(27,3 millions, novembre 2004, Sotheby's New York) |
5 |
Amedeo Modigliani
33,6 millions d'euros
dont Jeanne Hébuterne devant une porte
(21,8 millions, novembre 2004, Sotheby's New York)
|
LE TOP-15 CHALLENGES-ARTPRICE
DES ARTISTES LES PLUS COTÉS EN 2005
|
Nom
de l'artiste
(Dates) |
La tendance
|
Chiffre
d'affaires 2004-2005
(en millions d'euros)
|
Nombre de lots vendus
|
Evolution du CA sur cinq ans
|
1
|
Pablo
PICASSO
(1881-1973)
|
L'artiste reste toujours numéro un, avec un chiffre d'affaires de plus
de 111 millions d'euros (soit 66 millions de moins que l'an dernier). Sa plus
forte enchère n'est que de 12,9 millions, contre 76 millions l'an dernier.
|
111,3
|
1 594
|
+29%
|
2
|
Andy
WARHOL
(1928-1987)
|
Troisième l'an dernier, Andy Warhol a gagné une place grâce
à deux enchères supérieures à 8,5 millions d'euros.
Sa meilleure vente : Mustard Race Riot, un tableau de plus de 4 mètres
de large adjugé 10,5 millions.
|
66,7
|
774
|
-2%
|
3
|
Claude
MONET
(1840-1926)
|
Le maître de l'impressionnisme est un peu boudé par les acheteurs.
En juin, seule la moins chère des toiles présentées à
Londres est partie. Sa meilleure enchère date de fin 2004 : Londres,
Parlement..., adjugée 14,1 millions d'euros.
|
45,6
|
32
|
-54%
|
4
|
Paul
GAUGUIN
(1848-1903)
|
Gauguin a tenu le haut de l'affiche en novembre 2004 avec sa Maternité
II, vendue 27,3 millions d'euros, soit 4 millions de plus que l'œuvre la plus
chère de Monet. Un retournement : il y a cent vingt ans, Monet le devançait
largement.
|
34,3
|
53
|
-19%
|
5
|
Amedeo
MODIGLIANI
(1884-1920)
|
Grâce à Jeanne Hébuterne devant une porte, Amedeo
Modigliani a battu un nouveau record (21,8 millions d'euros). Mais sa cote, en
dents de scie, évolue au fil de la qualité des lots mis en vente.
|
33,6
|
33
|
+4%
|
6
|
Auguste
RENOIR
(1841-1919)
|
La cote de l'artiste est toujours inférieure au niveau atteint en 1990
et en 2000. A l'époque, il avait vendu 59 millions d'euros son Moulin
de la Galette. Cette année, sa meilleure vente est Les Rosiers à
Wargemont, à 5,2 millions d'euros.
|
29 1
|
297
|
-17%
|
7
|
Marc
CHAGALL
(1887-1985)
|
Absent l'an dernier du Top-15, Marc Chagall a le vent en poupe. Ses prix sont
en hausse de 35%. L'offre, en progression de 15%, fait face à une demande
soutenue et le taux d'invendus est tombé de 34% à 22% en un an.
|
27,2
|
806
|
+ 25%
|
8
|
Kees
VAN DONGEN
(1877-1968)
|
L'artiste a décroché deux records en moins d'un an. Femme
au grand chapeau, acheté 3 millions d'euros en 1997, a été
vendu 6,7 millions en juin. Déjà, en novembre 2004, sa Femme
fatale avait battu tous les records, à 4,1 millions.
|
26
|
136
|
+ 56%
|
9
|
Constantin
BRANCUSI
(1876-1957)
|
Le 4 mai, la cote de Brancusi s'est envolée avec Oiseau dans l'espace,
une pièce de 1,2 mètre de haut, adjugée 19 millions d'euros.
La précédente sculpture la plus chère était déjà
une de ses œuvres : Danaïde (17,9 millions).
|
25,3
|
11
|
NS
|
10
|
Joan
MIRO
(1893-1983)
|
Malgré un fort volume de transactions, Miro n'est pas un habitué
des premières places : 90% de ses ventes sont des estampes. Grâce
à cinq ventes au-delà du million d'euros, il parvient tout de même
à gagner huit places.
|
24,7
|
715
|
+3%
|
11
|
Henri
MATISSE
(1869-1954)
|
Bien que sa cote soit à la baisse, l'ami de Picasso conserve sa place.
Sa plus forte enchère a été décrochée avec
Nature morte, fleur et tasse : 3,3 millions d'euros. Affaibli par un fort
taux d'invendus en 2003, son marché se reprend.
|
24,1
|
300
|
-22%
|
12
|
Lucian
FREUD
(1922)
|
Sa cote monte. En février, Red Haired Man on a Chair, estimé
1,7 à 2,6 millions d'euros, est parti à 5,4 millions. En juin, Bella,
portrait de la fille de l'artiste, a été adjugé 2,4 millions,
son autoportrait Man With a Feather, 4,9 millions.
|
22,8
|
17
|
+99%
|
13
|
Jean-Michel
BASQUIAT
(1960-1988)
|
L'artiste se maintient dans le classement grâce à une multiplication
d'enchères au-delà du million d'euros. Sur ses 26 œuvres qui ont
atteint ce seuil, 11 ont été adjugées sur la seule période
juillet 2004-juin 2005.
|
22,7 |
80
|
+ 51%
|
14
|
Mark
ROTHKO
(1903-1970)
|
Artiste phare de l'expressionnisme abstrait, Mark Rothko a notamment décroché
une enchère record de 12 millions d'euros fin 2004 pour No. 6 (Yellow,
White, Blue Over Yellow on Gray) et trois enchères au-delà
du million depuis janvier.
|
22,1 |
9
|
NS
|
15
|
Fernand
LÉGER
(1881-1955)
|
L'artiste a perdu neuf places par rapport à l'an dernier. Alors qu'il
avait eu droit à une enchère à 17,4 millions d'euros en novembre
2003 avec La Femme en rouge et vert, sa plus forte enchère 2004-2005
n'est que de 5,3 millions.
|
21,9 |
184
|
+ 2%
|
Comment lire notre tableau. Le
Top-15 de l'art est un classement exclusif Challenges-Artprice.com, qui mesure
le chiffre d'affaires mondial cumulé des ventes publiques des œuvres d'un
artiste entre le 1er juillet 2004 et le 30 juin 2005, ainsi que le volume de transactions
sur la période.
La dernière colonne mesure des progressions de prix calculées selon
la méthode " hédonique ", utilisée par Artprice.com,
qui permet de pondérer les variations de prix en fonction du type de l'œuvre
(dimensions, technique, période de création, support) et de l'endroit
où elle a été adjugée. Quand le marché est
trop étroit (Brancusi, Rothko), la tendance devient non significative (NS).
|
LES ARTISTES CONTEMPORAINS
Les uvres des années
1960-1979
La période a surtout été marquée par le pop art.
Les artistes frenchies, du nouveau réalisme et de la figuration narrative,
restent abordables.
Quand le marché de l'art se déplaçait vers les Etats-Unis,
émergeaient en France deux mouvements associés au pop art : le nouveau
réalisme et la figuration narrative. Le premier s'articule, dès
1960, autour d'une déclaration signée au domicile d'Yves Klein,
qui propose de récupérer les matériaux pour en exprimer le
signifiant. Les artistes détournent les objets : César les compresse,
Arman les casse, Daniel Spoerri les met sous verre, Jean Tinguely les articule,
Klein les colore. La sculpture y tient une place de choix. Selon Artprice, la
cote de ces nouveaux réalistes a progressé de 12,8% en 2004 et de
46,6% ces dix dernières années. Toutefois, les productions de ces
artistes sont encore valorisées à 56% au-dessous des prix de 1989.
Ils s'exportent bien, soit pour avoir vécu aux Etats-Unis, soit pour y
avoir lié amitié avec des artistes locaux, soit pour y être
soutenus par les galeries new-yorkaises. Du coup, leurs cotes sont les plus élevées
de l'art contemporain. Yves Klein a déjà dépassé le
seuil du million d'euros. Son uvre RE1 lui a même permis d'atteindre
7 millions d'euros, en novembre 2000, chez Christie's New York.
En France, les pièces qui passent en vente sont moins importantes : M105,
une grande toile, a été adjugée 52 000 euros en avril. Mais
ce sont surtout les objets qui sont recherchés : après les expositions
d'Yves Klein sur le Vide, d'Arman sur le Plein, ont suivi les « colères
» et les « coupes » : objets brisés ou soigneusement
sectionnés en tranches, ou encore brûlés. Puis, à la
fin des années 70, les bronzes d'Arman, des pièces que l'on retrouve
souvent aux enchères et qui sont vendues entre 1 000 et 10 000
euros. En 2004, avec plus de 400 pièces proposées à la vente
et 2,8 millions d'euros de chiffre d'affaires, l'artiste niçois est le
sculpteur contemporain français le plus représenté en salle
des ventes. Il précède César, dont l'année 2004 fut
pourtant marquée par la vente de 23 de ses uvres. Entre son décès,
en 1998, et 2002, la cote de cet artiste est restée pratiquement stable,
mais a connu, depuis, une exceptionnelle progression : + 78% entre 2003 et juin
2005. A titre d'exemple, une Grande Plaque à ailettes (1965), un
bronze soudé de 3 mètres de long, estimée 60 000-80 000
euros, a trouvé preneur à 158 000 euros. Une autre version
de la Grande Plaque à ailettes, estimée 100 000-150 000
euros, s'est vendue 230 000 euros en juillet. Et en avril, lors de la vente
intitulée « Les Nouveaux Réalistes », il fallait alors
compter 40 000 euros pour une compression de 32 centimètres de côté
réalisée à partir d'éléments de machines à
laver.
Retour au traditionnel
Le mouvement de la figuration narrative, dont l'expression a été
forgée en 1964 par le critique artistique Gérald Gassiot-Talabot,
est avant tout pictural. Les travaux de Gudmundur Erro, Valerio Adami, Jacques
Monory, Yvan Messac, Gérard Schlosser, Alain Jacquet ou encore Peter Klasen,
dont plusieurs uvres sont exposées à la prochaine Fiac, marquent
un retour à des uvres « traditionnelles » sur des supports
« classiques ». Leur vision y est plus froide et raisonnée,
voire militante pour des artistes comme Gérard Fromanger.
La figuration narrative n'atteint encore pas les prix du nouveau réalisme,
avec une barre haute pour Adami fixée à 149 400 euros en 1990!
Ce qui ravit bien des collectionneurs, qui trouvent en France des toiles d'excellente
qualité à des prix tout à fait abordables : la moitié
d'entre elles sont adjugées moins de 4 500 euros. De plus, cette peinture
offre de très belles perspectives. Car les prix n'ont progressé
que de 7,8% par an depuis 1995, et restent inférieurs aux ni-veaux de 1989-1990.
En 2002, Le Prince de Hom-bourg, une uvre majeure de 1965 de Gérard
Fromanger, avait été adjugé à 61 000 euros, Malcolm
X, de Bernard Rancillac, à 38 000 euros, et le Déjeuner
sur l'herbe, d'Alain Jacquet, à 35 000 euros. Ces records ont été
approchés en milieu d'année : 41 000 euros pour La Pause,
de Gérard Schlosser, et 50 000 euros pour La Voleuse n°3,
de Monory. Une enchère qui consacre l'impressionnante hausse de la cote
de cet artiste : + 511 % en sept ans, avec des toiles qui valent aujourd'hui entre
10 000 et 20 000 euros pour les grands formats. Mais la plupart des
artistes de la figuration narrative restent abordables, avec beaucoup de pièces
uniques à moins de 2 000 euros. Par exemple, l'an dernier, une technique
mixte sur papier de 17x10 centimètres de Peter Klasen est partie à
300 euros, et une petite étude de Schlosser, à 1 000 euros.
Public plus restreint
II y a donc un véritable océan entre les cotes, même réévaluées
à la hausse, des artistes du pop art Made in France et leurs équivalents
anglo-saxons. Les Français, à la symboli- que plus complexe, touchent
un public averti plus restreint que les Américains. Vraie star du pop art,
le New-Yorkais Andy Warhol a atteint la consécration, en 1998, avec une
Orange Marilyn, adjugée plus de 14,3 millions d'euros. La toile
avait été acquise quelques années aupara- vant pour seulement
2 500 dollars ! Warhol est une bonne locomotive : entre 1997 et aujourd'hui, sa
cote a triplé. Depuis 1986, ses Big Electric Chair (1967) sont passées
trois fois par les ventes de Christie's, d'abord à 90 000 euros, puis
à 2,3 millions d'euros et une troisième fois à 4,4 millions!
Quatrième artiste le plus présent aux enchères mondia- les,
Warhol a d'ailleurs entraîné à sa suite la cote de ses confrères,
Tom Wesselman, Jasper Johns, Robert Rauschenberg, ou encore Robert Indiana.
Le Top-10 des artistes contemporains
|
Nom de l'artiste (dates)
|
Chiffre d'affaires
(en euros)
|
Lots vendu
|
Evolution sur 5 ans
|
1
|
CÉSAR (1921-1998)
|
2 016 445
|
196
|
+ 88%
|
2
|
ARMAN (1928)
|
1 832 885
|
224
|
+ 58%
|
3
|
Yves KLEIN (1928-1962)
|
977 005
|
28
|
+30%
|
4
|
Bernard BUFFET (1928-1999
|
927 260
|
132
|
-6%
|
5
|
Niki de SAINT PHALLE (1930-2002)
|
913 750
|
59
|
+48%
|
6
|
Georges MATHIEU (1921)
|
610 672
|
39
|
+ 80%
|
7
|
François-Xavier LALANNE (1924)
|
486 850
|
22
|
NS
|
8
|
Jean TINGUELY (1925-1991
|
413 840
|
18
|
+ 17%
|
9
|
Gudmundur ERRO (1932)
|
393 620
|
75
|
+86%
|
10
|
Peter KLASEN (1935)
|
308 120
|
81
|
+41%
|
* Ventes aux enchères françaises du
1er juillet 2004 au 30 juin 2005. |
Les uvres à vendre sur Artprice.com
(illustrations)
Le Gari, de César.
En vente le 8 octobre à la Galerie de Vuyst : de 13 000 euros à
16 000 euros
Portrait de Mario Schifano, d'Alain Jacquet.
En vente à la Galerie Hervé Lourdel : 1 200 euros.
Les Fiancés de Knokke, de Niki de Saint Phalle
En vente à la place des Arts : 1 200 euros.
Manette SMC sur fond noir, de Peter Klasen.
En vente à la Galerie Guy Bärtschi : 7 200 euros.
LES ARTISTES ACTUELS
Les uvres des années
1980-2005
L'art actuel français est réduit à quelques noms, pour
la plupart issus de la figuration libre. Et les cotes sont loin derrière
celles des autres Européens.
Aujourd'hui, les ventes d'artistes actuels français reconnus tournent
essentiellement, directement ou indirectement, autour de la figuration libre.
Organisé autour de Rémy Blanchard, François Boisrond, Robert
Combas, Hervé et Richard Di Rosa, ce mouvement artistique des années
80 représente plus de 15% des uvres d'artistes nés après
1950. Pas une vente d'art contemporain chez Cornette de Saint-Cyr, Artcurial ou
Tajan sans une de leurs uvres. Ainsi, 174 pièces de Robert Combas
ont été proposées sur douze mois en salle des ventes. En
moyenne, il faut débourser de 3 000 à 6 000 euros pour
une de ses toiles ; la mise peut être décuplée pour une uvre
majeure. Jumelage Sète-Marseille, une uvre de 6,5 mètres
de large, s'est vendu 60 000 euros en octobre 2004. Cela faisait près
de quinze ans qu'il n'avait pas atteint de tels prix. Ils sont encore bien au-dessus
de ceux décrochés par ses proches amis, Richard et Hervé
Di Rosa. Leurs récents records, respectivement en avril 2005 et septembre
2004, restent plafonnés à 4 500 euros et 25 000 euros.
Les immenses peintures sur affiches arrachées de Jean-Charles Biais, peintre
proche de cette mouvance, sont assez recherchées. Elles atteignent facilement
20 000 euros, et leur cote a progressé de 21 % depuis 2003. Autre
artiste influencé par la figuration libre : Kriki. Ses prix sont encore
très raisonnables : de 1 500 à 3 000 euros pour une toile.
C'est à peu près deux fois moins qu'une uvre de Combas. A
surveiller aussi, Jérôme Mesnager. Une cinquantaine d'uvres
de cet artiste, présent dans plusieurs galeries de la Fiac, sont mises
à la vente chaque année. Farouche opposant au circuit marchand de
l'art, il en fait désormais partie : la cote de ses Bonshommes blancs
a progressé de 51% depuis 1997. Ses uvres sur palissade ou sur toile
partent entre 1 000 et 2 000 euros. Au même prix, mais plus urbain
encore, Speedy Graphito. Ce jeune artiste commence à voir ses toiles passer
aux enchères : une quinzaine déjà depuis 2004.
Peu d'élus à l'étranger
Dans la génération montante, les artistes français qui ont
une réputation internationale suffisamment assise pour se hisser au-delà
du seuil de 15 000 euros par pièce ne sont pas légion. En tout,
seuls trois artistes nationaux de moins de 45 ans font partie de ce club très
fermé. A titre comparatif, au Royaume-Uni, 19 artistes de la même
génération ont dépassé ce seuil. Le plus coté
de tous, Damien Hirst, a même trouvé un acheteur à 1,6 million
d'euros pour une de ses installations intitulée The Fragile Truth.
Actuelle-ment, la plus grosse enchère pour un artiste de sa génération
a été enlevée par Philippe Pasqua. Ce jeune artiste découvert
en salles de ventes en 2000, avec une enchère de 14 500 euros pour
sa toile Anesthésie n° 1, est très suivi par des sociétés
comme Artcurial et Cornette de Saint-Cyr. Cette année, une de ses toiles
de 3,5 mètres de large a même atteint l'enchère de 32 000
euros (quatre fois l'estimation). Avec Phillipe Berry, c'est l'un des seuls Français
de sa génération à avoir décroché un tel prix.
Mais il reste moins connu à l'étranger qu'un Bernard Frize, dont
les compositions séparent la toile en éléments constitutifs,
indifférents à la couleur et au formel. En un an, sur neuf uvres
présentées en ven-te publique, deux seulement l'ont été
en France. La dernière de ses toiles, vendue à Londres intitulée
Bruchure, a trouvé preneur à 27 000 euros. Autre frenchy
très recherché, le photographe Jean-Marc Bustamante (exposé
à la prochaine Fiac) a plus de mal à s'imposer en France qu'à
l'étranger. Ainsi, en juin, Tableau (T52-81), une imposante photo
en couleurs de 1981, estimée entre 12 000 et 15 000 euros, n'a
pas trouvé preneur. Une mésaventure que ne connaît pas le
jeune sculpteur Philippe Perrin. Son travail autour du crime et des armes a fait
exploser sa cote : deux de ses pièces monumentales, Couteau et Poing
américain, ont ainsi été adjugées 19 000
euros chacune.
Marché régionalisé
Faute de débouchés internationaux et en l'absence de mouvement artistique
fédérateur, l'art actuel reste aussi très souvent localisé
à la région où l'artiste exerce. Nombre de jeunes artistes
sont encore cantonnés aux salles de ventes de province. C'est, par exemple,
le cas de Catherine Garros et d'Alain Clinard, dont la production se retrouve
davantage dans les salles du sud de la France qu'à Paris. C'est aussi le
cas de quelques artistes bretons comme François-Marie Griot, Patrice Cudennec
et, dans une moindre mesure, de Loïc Le Groumellec, qui parvient à
exporter quelques-uns de ses Mégalithes en laque noire. Leurs uvres
dépassent rarement 2 000 euros dans les ventes aux enchères.
LE TOP-10 des artistes actuels
|
Nom de l'artiste (dates)
|
Chiffre d'affaires*
(en euros)
|
Lots vendus
|
Evolution sur 5 ans
|
1
|
Robert COMBAS (1957)
|
649 950
|
174
|
+82%
|
2
|
Jean-Charles BLAIS (1956)
|
182 600
|
44
|
+9%
|
3
|
Fabrice HYBERT (1961)
|
125 925
|
22
|
NS
|
4
|
Philippe PERRIN (1964)
|
57 000
|
9
|
NS
|
5
|
François BOISROND (1959)
|
54 430
|
42
|
-1%
|
g
|
Hervé Dl ROSA (1959)
|
53 930
|
41
|
+ 59%
|
7
|
Philippe PASQUA (1965)
|
52 750
|
20
|
NS
|
8
|
J.-M. BUSTAMANTE (1952)
|
46 500
|
4
|
NS
|
9
|
Philippe BERRY (1956)
|
42 500
|
2
|
NS
|
10
|
M.-P. D.-CHABROLLE (1952)
|
42 410
|
10
|
NS
|
* Ventes aux enchères françaises
du 1er juillet 2004 au 30 juin 2005. |
Les uvres en vente sur Artprice.com
(illustrations)
Les Nigauds Vagabonds, d'Hervé Di Rosa.
En vente à la Galerie Delorme : 6 800 euros.
Ether d'Ambonil n°91, de Philippe Favier.
En vente à la Galerie Guy Bärtschi : 6 800 euros.
La Pinture réchauffe, litho de Speedy Graphito.
En vente à la Galerie Biot : 150 euros.
François Mitterand, de Robert Combas.
En vente à Art Cadre : 11 800 euros.
L'AGENDA DU MARCHÉ DE L'ART
Les foires
32è édition de la Fiac, porte de Versailles, à Paris, du
6 au 10 octobre : plus de 225 galeries exposent, dont 113 étrangères.
Une édition marquée par la présence accrue des secteurs Perspectives
et Future Quake, le maintien d'un secteur design limité à 10 galeries
et l'arrivée d'une section films et nouveaux médias. Entrée
: de 8 à 17 euros.
Renseignements : www.fiacparis.com
Les ventes volontaires
Le 8 octobre, à Drouot, Paris : vente d'une centaine de tableaux modernes
et contemporains, dont des toiles du peintre figuratif Gilles Esnault.
Photo des lots visibles sur www.ader-paris.fr
Le 10 octobre, à Drouot, Paris : vente sur le thème des avant-gardes
de la seconde moitié du XXè siècle, avec des uvres des
nouveaux réalistes, de l'Arte Povera, d'art conceptuel et minimal.
Renseignements : 01-42-25-15-58
Le 5 novembre, à Roubaix, May-Duhamel : vente d'art contemporain,
design Art nouveau, Art déco.
Tél : 03-28-33-70-33
Dossier réalisé par Eric Tréguier (avec Artprice)
copyright ©2005 Challenges
|