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L'industrie du troisième millénaire |
in TradingSat.com - Lundi 16 mai 2011 |
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Revue de presse |
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Artprice.Com : "81% des actionnaires d'Artprice sont aussi des clients" (Tradingsat.com) - Avec un cours de Bourse multiplié par plus de trois le mois dernier, Artprice s'est brutalement rappelé au (bon) souvenir de ses actionnaires. Le modèle économique du leader mondial des banques de données sur la cotation et les indices de l'art pourrait en effet changer de dimension d'ici peu, si tant est que la transposition en France de la directive européenne « Bolkestein » des biens et services arrive (enfin) à son terme. Patron d'Artprice et de sa maison mère, le groupe Serveur, Thierry Ehrmann, nous explique les enjeux de la dématérialisation du Marché de l'art. Tradingsat.com : Votre chiffre d'affaires a progressé de « seulement » 5% au 1er trimestre. Thierry Ehrmann : Il ne faut pas oublier que la Place de Marché Normalisée d'Artprice est devenue entièrement gratuite en septembre de l'année dernière. C'est donc une performance plus que satisfaisante et qui prouve, si besoin était, le bien fondé de notre stratégie visant à faire d'Artprice un acteur mondial incontournable de la libéralisation des ventes aux enchères d'Art, par voie électronique. Tradingsat.com : Que trouve-t-on sur votre Place de Marché Normalisée ? Thierry Ehrmann : Notre site Internet permet de visualiser la cote des artistes, les indices, les résultats de ventes aux enchères, les annonces des ventes futures, et une trentaine d'indicateurs semblables à ceux que l'on peut trouver en économétrie de marché... Il donne aussi, et surtout, accès, gratuitement, pour les acheteurs et les vendeurs, à l'ensemble de nos banques de données. La Place de Marché Normalisée agrège les deux principaux domaines de compétences du groupe Serveur, qui est non seulement un acteur majeur des banques de données judiciaires, juridiques et économiques, mais aussi l'un des tout premiers pionniers d'Internet dans le monde ! Nous fournissons des services sur Internet depuis 1985 ! Tradingsat.com : Vous dites que vos banques de données « font autorité ». Thierry Ehrmann : Le projet Artprice repose à l'origine sur un constat : le marché de l'Art est - avec le marché des matières premières et le marché financier - l'un des trois seuls marchés fonctionnant de manière mondiale à pouvoir être subrogé par des banques de données. Artprice a acquis plus de 40 sociétés d'éditions ou de fonds éditoriaux d'Art dans le monde entier pour constituer ses banques de données sur le marché de l'Art. Elles ont été logiquement intégrées à notre Place de Marché Normalisée lors de son lancement sur Internet en 2005. L'enjeu est alors devenu celui de la dématérialisation, qui doit permettre de s'affranchir véritablement de l'ancien système des « salles des ventes physiques ». Tradingsat.com : La dématérialisation est un atout pour le marché de l'Art ? Thierry Ehrmann : Le marché de l'art, par nature, a toujours été international, mondial, mais partagé entre les grands initiés, qui font les prix, et les autres, les « victimes ». Internet est par définition l'outil qui va permettre de « capillariser » l'information de manière mondiale. Un marché où l'information circule efficacement est un marché qui croit de manière exponentielle. Sans cette information, les gens n'osent pas acheter ou vendre. Les flux d'œuvres d'art ont atteint 6,3 milliards d'euros l'an dernier sur notre Place de Marché Normalisée, après 5,85 milliards d'euros en 2009, 4,32 milliards d'euros en 2008, 2,7 milliards en 2006 et 1,3 milliard d'euros en 2005. Internet rend aussi le marché de l'art plus efficient. Par exemple : une requête sur la base de données Artprice pour des « compressions » de Cesar sur une période donnée va permettre d'identifier immédiatement les acheteurs potentiels qui ont recherché ou possèdent ce type d'œuvre dans leur portefeuille. La dématérialisation ne sort pas de notre imagination, nous n'avons pas à en faire la pédagogie. Cela fait 30 ans que les gens achètent par téléphone ; toutes les grandes enchères se font ainsi depuis longtemps ! Tradingsat.com : Mais vous ne profitez pas totalement de cette dématérialisation en termes de revenus. Thierry Ehrmann : Cela ne nous empêche pas de gagner de l'argent. L'accès à la Place de Marché Normalisée est gratuit, mais nous avons toujours cru à l'information payante. Nos abonnements s'échelonnent de 15 euros à 500 euros, et donnent accès à des informations et des services qui vont permettre d'acheter une œuvre en parfaite connaissance de cause. Mais il est vrai qu'aujourd'hui, en l'état actuel de la législation, nous ne percevons aucune commission sur les ventes. Ce qui potentiellement constitue un manque à gagner considérable sachant que, sur les flux de 6,3 milliards d'euros de l'an dernier, près d'un tiers, soit l'équivalent d'1,8 milliard d'euros, ont abouti à une vente ! Tradingsat.com : Quel est le contexte législatif aujourd'hui ? Thierry Ehrmann : A l'heure actuelle, la législation résulte d'une première réforme du marché de l'Art intervenue en 2000 (décret d'application en 2001). Mais elle est inutilisable, à cause du régime de l'autorisation préalable. Toute vente doit en effet recevoir le feu vert du conseil des ventes volontaire, qui ne rend son avis que quelques heures, au mieux une journée avant la date prévue pour les enchères. Une véritable entrave déguisée à la concurrence ! C'est pour cela que nous attendons, depuis plusieurs années maintenant, la transposition en droit français de la directive « Bolkenstein » sur les biens et services, qui inclut justement les ventes aux enchères sur le marché de l'art, notamment par voie électronique. Le législateur européen avait donné à la France jusqu'au 28 décembre 2009 pour la réaliser, puis fixé une nouvelle limite, au 24 août 2010, au-delà de laquelle la mise en application d'une importante sanction pécuniaire serait prononcée par la cour européenne. C'est pour cela que le processus législatif français s'est dernièrement accéléré ! La nouvelle loi est figée à 98%. Elle est passée à l'Assemblée Nationale, modifiée, amendée, ce n'est plus qu'une affaire de semaines. Tradingsat.com : Qu'est ce qui va changer ? Thierry Ehrmann : Le régime de l'autorisation préalable est mort. Deuxièmement, apparaît la notion d'opérateur en ligne, celui-ci n'étant plus tenu d'assurer l'authenticité de l'œuvre tant qu'il s'engage à ne pas détenir l'œuvre physiquement. En revanche, si un ayant droit ou un expert signale une œuvre litigieuse, celle-ci est immédiatement retirée du circuit. J'attire ici l'attention sur le fait que la Place de Marché Normalisée permet de visualiser sous forme de fichier PDF tous les documents attestant de l'authenticité des œuvres. Il faut savoir aussi qu'Interpol a droit de regard sur toutes les œuvres qui circulent et que les polices judiciaires de 70 pays utilisent la base de données d'Artprice dans leurs enquêtes. Tradingsat.com : Dans le futur, vous pourrez donc percevoir une commission sur les ventes. Thierry Ehrmann : Que les choses soient claires, aujourd'hui, selon le conseil des ventes volontaires, la marge d'intermédiation entre acheteur et vendeurs est de 37,5%. C'est colossal ! Nous appliquerons des taux de commission beaucoup plus faibles, entre 4,5% et 7% selon les services proposés. Nous provoquerons un effondrement des coûts énorme qui ne pourra que bénéficier au marché de l'art. Tradingsat.com : Votre Place de Marché Normalisée ne risque-t-elle pas d'être copiée ? Thierry Ehrmann : Personne n'a le droit de la reproduire. Elle est protégée par le droit sui generis créé en 1996, spécifique aux banques de données. C'est une barrière à l'entrée terrible, impossible à contourner. Des concurrents qui avaient porté plainte à Bruxelles ont d'ailleurs été déboutés sur ce point. La législation n'interdit pas la position dominante, mais son abus. Une position dominante qui résulte d'une vision novatrice et créatrice est totalement acceptée par les législateurs européen et américain. Tradingsat.com : Pourquoi dites vous qu'Artprice dispose de tous les atouts pour offrir aux maisons de vente leur migration intégrale sur Internet ? Thierry Ehrmann : Parce que les maisons de ventes, les commissaires priseurs, sont tout sauf nos concurrents ! Ils voient dans la place de marché d'Artprice une continuité de leur métier. Grâce à nous, les Maisons de Vente vont s'affranchir des coûts devenus inutiles liés aux salles des ventes physiques, leur permettant d'économiser sur leurs coûts immobiliers. Artprice est prêt, dès la promulgation de la loi, à répondre à la demande de plus de 3 600 Maisons de ventes et près de 7 400 experts partenaires. Tradingsat.com : La société Artprice a néanmoins des ennemis. Thierry Ehrmann : Nous avons attaqué au pénal le groupe Christie's, contrôlé par François Pinault, qui a tenté de manipuler notre cours de Bourse en formulant des demandes exorbitantes sans aucun fondement sérieux, arguant que son catalogue de vente était soumis à des droits d'auteur. La raison est que François Pinault cherche par tous les moyens, à entrer à notre capital. Des attaques similaires s'étaient produites en 2001 et s'étaient soldées par un échec. Tradingsat.com : Comment est constitué l'actionnariat d'Artprice aujourd'hui ? Thierry Ehrmann : Le groupe Serveur est majoritaire, avec 32,7% du capital, il y 68 à 70% de flottant, le reste est dans les mains de 18 000 actionnaires. Sachez d'ailleurs que 81% des actionnaires d'Artprice sont aussi des clients. C'est il me semble un signe fort de confiance dans nos services... et dans le potentiel de valorisation d'Artprice. A toutes fins utiles, je rappelle que nous sommes rentables depuis plusieurs années, que l'intégralité de nos coûts sont fixes jusqu'à 30 millions d'euros de chiffre d'affaires, et qu'Artprice n'affiche aucune dette. Propos recueillis par François Berthon Copyright (c) 2006-2011 Tradingsat.com. Tous droits réservés. |
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